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Sarah_Avalonia

Voyage d'Imbolc - (Fr)

Dernière mise à jour : 17 juin 2024

Récité par Sarah au coin du Feu pour Imbolc le 3 février 2024 avec le Projet Avalonia...


A noter que quand les femmes sont mentionnées, même si à l’époque de nos ancêtres on parlait vraiment de femmes, aujourd’hui se traduit par l’expression féminine présente en chacun de nous, comme les hommes représentent notre masculin…

 

Nous sommes le 1er février, c’est la Sainte Brigitte. Le soleil est doux et frais, les beaux jours reviennent enfin après un long hiver. Nous avons décidé de nous promener en cette belle matinée un peu plus haut dans la montagne pour y retrouver les derniers manteaux de neige.


C’est alors que nous nous retrouvons à l’orée d’un bois de pins de montagnes. Nous demandons soigneusement la permission d’entrer dans le bois ; indéniablement, un merle nous chante la bienvenue. Nous pénétrons dans ce bois teinté de vert foncé d’épines de pins et de blanc jonchant le sol. La neige y est encore tendre et un peu timide, elle sait qu’elle ne tiendra plus très longtemps. Les bourgeons commencent gentiment à pointer le bout de leur nez et les oiseaux chantent gaiment le retour espéré du Printemps. Des perles blanches s’élèvent du sol : des perce-neiges ! Ces fleurs d’apparence si délicates, et pourtant si robustes qui nous montrent que des conditions les plus rudes, la beauté, la finesse et la grâce s’élèvent dans la force avec courage des antres de la Terre. En avançant un peu plus profondément dans la forêt, on aperçoit une grande pierre, d’à peine notre taille, s’élevant majestueusement dans la forêt dénudée. A son pied, plein de petits perce-neiges ont trouvé refuge pour se protéger de la lumière directe du soleil.  On s’arrête un moment pour contempler cette douceur qu’elles nous apportent, et nous perdre dans ce blanc environnant, une main posée sur cette pierre sacrée...

 

Et nous voilà propulsé dans un temps oublié, celui où dans les foyers, la déesse Brighid, ou Bride, était honorée. Le Feu brûle dans l’âtre de cheminée ; les femmes en sont ses gardiennes et l’alimente de bois sacrés, comme le bouleau, premier de l’année.


Assises autour de Lui, les mères tricottent des habits pour leurs jeunes enfants en sifflotant des mélodies semblant venir de loin ; une raconte une histoire de temps en temps. Comme celle de la Calleach, Vieille Femme de l’Hiver ayant voyagé jusqu’à l’île sacrée pour retrouver dans la forêt la fontaine de jouvence, devenue Bride la jeune épouse du Printemps après avoir bu à la source sacrée. Ou une autre légende, celle de Bride retenue enfermée par la Calleach dont le fils tombe follement amoureux de la jeune vierge et défie les tours de sa mère pour victorieusement conquérir sa bien-aimée. Ou encore les légendes de la Sainte Brigitte, qui commencent déjà à remplacer celles de la Déesse alors que l’ère chrétienne apporte son nouveau regard ; celles de la fille d’un druide, éclairée de la vision sûre par l’étoile de Bethléem pour aider la Vierge à accoucher du divin enfant, celles des miracles d’abondance où les seaux se remplissent comme par magie de lait de brebis alors qu’ils étaient vides jusqu’ici.


Les femmes de sagesse sont quant à elles affairées en cuisine où elles préparent un repas de rois pour leur communauté : du pain, du lait de chèvre, de la viande séchée mijotée au miel, les légumes transformés… les récoltes de l’an passé ont été fructueuses, il reste encore largement de quoi tenir le reste des soirs d’Hiver jusqu’à ce que le Printemps donne ses nouveaux fruits. Les vivres sont partagés entre les pauvres et les riches de la communauté. Les brebis grossissent dehors, et quelques femmes sont à leurs soins pour aider les premières à mettre bas ; le renouveau est bien là, dans le blanc de l’innocence de ces premiers agneaux.


Les jeunes vierges ont une tâche importante : celle de créer la Brìdeag, une poupée d’Imbolc représentant la Déesse Bride. Faite de paille, elles l’ornent de petites fleurs de début de saison, de coquillages et de jolies pierres. La plus belle sera utilisée pour créer le cœur de la poupée, qui sera ensuite paradée dans les rues pour que chacun puisse l’adorer. Elles s’habillent de blanc et dans les rues déambulent gaiement dans leurs vêtements de fête ; l’effigie de la déesse est enfin prête.


Sur le retour, après avoir donné ses offrandes, c’est à la Terre qu’on vient demander la plus précieuse, l’eau de la source. On la ramène dans les foyers où, au passage, l’on croise des femmes affairées à étendre le linge dehors pour que la Déesse les bénisse au clair de Lune de son souffle d’or. On récolte aussi le jonc pour faire des croix de Brigitte et ainsi demander protection.


Les hommes quant à eux sont affairés à sortir les premiers bateaux sur les eaux par le Soleil calmées, en quête des premiers poissons argentés. D’autres sont aux champs, questionnant quels bouts de terres accueilleront telle ou telle culture et à quel moment. Là où on commence à sentir la terre ramollir, on commence déjà à la travailler pour la laisser respirer.

Les bardes, sous les saules, préparent leurs poèmes pour la nuitée dans la contemplation des paysages jonchés de messages cachés. Ils savent que le paysan ne sait ni lire ni écrire comme eux, et pourtant il comprend le langage le plus pur, celui de la Nature. Alors ils s’en inspirent pour donner ce soir aux gens le sourire.


C’est le mois du Loup ; cette nuit, ils donneront à la Lune un concert pour enfin dire adieu à l’Hiver. Les familles seront au chaud au foyer, par le Feu illuminées, de la poésie bercées, du vin enjaillées, de festins rassasiées, du Printemps rassurées. Dans la prière et le recueillement, on demandera une nouvelle saison clémente et aimante, plantant les graines et rêves de la nouvelle année. Les bardes animeront la soirée de musique, d’histoires et de vers, pour tous nous rappeler que la Déesse renait de la Terre.

 


En écarquillant doucement les paupières, on se rappelle du contact avec la pierre encore fraîche dans cette forêt où les perce-neiges nous ont guidés. Le croissement lointain du corbeau nous rappelle que l’Hiver est toujours un peu là, mais le Soleil réchauffe enfin notre peau pour la première fois, signe que rien n’est impossible avec la foi.

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